L’Association canadienne des automobilistes (CAA) craint que la légalisation du cannabis fasse grimper radicalement le nombre d’accidents sur les routes.
«Il ne faut pas penser que parce qu’un produit devient légal, il est moins dangereux», fait valoir Annie Gauthier, conseillère en communication et porte-parole à CAA-Québec. «Clairement, la sécurité routière est compromise par la légalisation du cannabis.»
La sonnette d’alarme a été tirée en début d’année par la AAA, la soeur américaine de la CAA. Ses chercheurs avaient analysé les dossiers d’accidents de la route dans l’État de Washington, où la marijuana a été légalisée en 2012. Ils avaient conclu qu’en deux ans le nombre d’automobilistes impliqués dans un accident mortel qui avaient consommé la drogue peu de temps avant les faits avait doublé, passant de 8 à 17 %.
La AAA s’était aussi étonnée que les limites de consommation de cannabis avant de prendre le volant eussent été fixées sans données scientifiques à l’appui.
Projet de loi canadien
Des constats qui inquiètent aujourd’hui la CAA et sa branche québécoise, puisque le gouvernement canadien s’apprête à jouer cartes sur table. Le comité d’experts réunis par Ottawa pour l’aider à rédiger la loi qui légalisera la marie-jeanne doit rendre son rapport d’ici la fin du mois. Suivra le débat aux Communes annoncé pour le printemps.
Le CAA a donc effectué aussi une étude. Elle prône, en premier lieu, «l’éducation rapide des Canadiens parce qu’il y a une très mauvaise perception des répercussions d’une consommation de drogue sur les capacités de conduite. Il y a encore des gens qui pensent que de consommer de la drogue serait plus sécuritaire que de consommer de l’alcool quand il est question de prendre le volant, alors que les drogues vont affaiblir les facultés au même titre que l’alcool peut le faire.» Chez les 18 à 24 ans, le quart évaluent d’ailleurs que le pot ne change rien à leurs habilités de pilote, voire les améliore : «Les gens seraient vigilants quand ils ont consommé du cannabis, ils seraient plus attentifs, plus prudents. […] C’est inquiétant.»
Cependant, peu importera la sensibilisation des utilisateurs de la route si le gouvernement n’est pas capable de fixer une limite de THC (un des principes actifs du cannabis) dans le sang pour conduire, poursuit Annie Gauthier. Tout un défi : un joint ou deux joints? Et si l’herbe est cuisinée dans des muffins? Et si j’avale des médicaments en même temps? Et si le pot est fumé pendant un souper où il y a aussi du vin? «Pour le moment, il y a tellement de zones grises. […] Il n’y a pas de balises. […] Tout le monde n’a pas la même réaction face à la drogue, d’où la difficulté d’évaluer ce qu’est une faculté affaiblie par la drogue.»
Ottawa doit, dès maintenant, donner les ressources financières aux scientifiques pour faire la lumière sur les risques réels; pour évaluer un niveau de consommation de drogue acceptable, sécuritaire, ajoute-t-elle.
Le CAA craint donc la précipitation. D’autant plus qu’il faudra former beaucoup de policiers à évaluer si un automobiliste a trop fumé pour conduire. Pas si simple que le 0,08 de l’alcool, avance Mme Gauthier. Il faudra leur fournir les technologies nécessaires. «C’est difficile pour les forces de l’ordre de gérer cette situation-là.»
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Source : lapresse.ca